par Baptiste Drapier | Nov 5, 2020 | S'INFORMER
Après trois ans de développement, CDC Biodiversité a lancé le 12 mai 2020 son outil Global Biodiversity Score (GBS) pour permettre aux entreprises et institutions financières de mesurer leur empreinte biodiversité.
Temps de lecture: 5 minutes
CDC Biodiversité, filiale de la CDC, a mis en place un outil robuste et pertinent pour accompagner les entreprises dans la mesure de leur impact sur la biodiversité: le Global Biodiversity Score (GBS). Il s’appuie sur les données disponibles au sein de chaque entreprise pour faire le lien entre son activité et les différentes pressions qui pèsent sur la biodiversité.
Pour qui ? Pour quels besoins ?
Pour les entreprises : pour l’évaluation, la communication interne et le reporting externe.
Pour les institutions financières : qui souhaitent faire évaluer ou noter leur portefeuilles d’actifs financiers par des tiers.
Pourquoi ?
Le GBS est avant tout un moyen de construire une stratégie compatible avec les enjeux de la biodiversité qui seront imposés par la prochaine Conférence des Parties (COP 2021). La communauté internationale a pour objectif ambitieux mais nécessaire 0 pertes nettes en biodiversité d’ici à 2030 et des gains nets en biodiversité d’ici à 2050.
« La biodiversité est en crise, 30% du vivant à d’ores et déjà disparu, or 40 % de notre économie repose sur des services rendus par la nature (pollinisation, qualité des sols, de l’air, de l’eau »
– Antoine Cadi, Directeur Recherche et Innovation chez CDC Biodiversité
Il va donc de la pérennité des entreprises et de la vie sur terre de prendre en compte l’impact de leur activité sur la biodiversité.
Comment utiliser l’outil GBS : méthodologie
Quelles données sont nécessaires pour mener une évaluation aussi précise que possible ?
Les données financières ;
les données d’inventaires de matières premières produites/achetées (cultures végétales, élevage, fourrage, bois, métaux et minerais, pétrole et gaz) ;
les données de pression (changement d’usage des sols, émissions de gaz à effet de serre, émissions de nutriments azote/phosphore, consommations et prélèvements d’eau).
Comment établir un lien quantitatif entre activité de l’entreprise et impact sur la biodiversité ?
L’outil GBS s’appuie sur des modèles robustes et déjà existants (modèle Globio & Exiobase)
3 étapes sont requises pour établir un lien entre activité économique de l’entreprise et les pressions affectant la biodiversité :
- L’outil économique Exiobase permet d’établir les externalités de l’entreprise vis-à-vis de la biodiversité.
- Les outils développés par l’équipe CDC Biodiversité permettent de comprendre dans quelle mesure la consommation de certaines matières premières ou services par l’organisation émettent une pression sur la biodiversité.
- L’outil Globio étudie la pression de l’organisme pour quantifier son impact et ainsi lui attribuer un score, le Global Biodiversity Score.

© CDC Biodiversité
- Production/achat- Le chiffre d’affaires par secteur d’activité, et pays ou région sert à évaluer la Production de l’activité évaluée.
Dans le cas de l’évaluation d’actifs financiers tels qu’un portefeuille d’actions cotées, cela peut inclure le chiffre d’affaires de plusieurs sociétés.
– Les Achats associés à ce chiffre d’affaires sont évalués à l’aide du modèle entrées-sorties EXIOBASE.
- Inventaires- Les données sur la Production et les Achats sont converties en données sur les Matières premières et produits transformés et les Émissions grâce aux extensions environnementales d’EXIOBASE
– La consommation de Services est une autre donnée utilisée pour évaluer les pressions qui ne sont pas liées à la consommation de matières premières ou de produits raffinés (par exemple l’empiètement ou les changements d’utilisation des sols causés par le tourisme vert ou encore les bureaux).A l’issue de cette étape, le modèle Exiobase a évalué les pressions que votre activité exerce sur la biodiversité.
- Pressions- Les pressions terrestres et d’eau douce (ou aquatiques) sont évaluées à partir des inventaires à l’aide d’une gamme d’outils internes, potentiellement complétés par des Analyses de Cycle de Vie (ACV). En particulier, les outils d’analyse des matières premières et services développés par CDC Biodiversité sont utilisés pour associer des quantités de consommation de produits ou de services à des pressions.
- Etat de la biodiversité et impacts sur la biodiversité. L’état de la biodiversité, et donc les impacts sur la biodiversité, sont évalués à l’aide des relations pression-impact (équations) de GLOBIO. Le terme « facteur d’impact » pourrait être utilisé pour décrire les coefficients issus du GBS pour calculer directement l’impact en MSA.km²* de n’importe quelle quantité d’inventaire ou de pression.
Résultats
Les résultats des évaluations menées avec le GBS sont exprimés en MSA.km2 unité de mesure dans laquelle la MSA est l’abondance moyenne des espèce*.
Accéder à l’outil GBS par la CDC Biodiversité
Une mesure exprimée en pourcentage et caractérisant l’état des écosystèmes. Les valeurs de la MSA varient de 0 % à 100 %, où 100 % représentent un écosystème vierge ou intact.

CDC Biodiversité
par vanessa LOGERAIS | Sep 15, 2020 | AGIR
Alors que le monde peine à sortir d’une crise protéiforme, le concept de « territoire intelligent », jusque là associé à la notion d’innovation technologique, prend une nouvelle dimension : plus connecté humainement, plus écologique, solidaire et inclusif… En deux mots : durable et résilient.
Territorialiser les ODD
Les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par les Nations-Unies étaient jusque-là perçus comme un cadre universel de coopération internationale. Ils ont trouvé, à marche forcée, un champs d’application plus local : face à l’urgence vitale, les communes, les villes, les régions sont devenues le périmètre privilégié de l’action pour protéger leurs populations.
Les enseignement de la crise ont ainsi fait du territoire l’échelon crucial pour relever concrètement des défis majeurs que l’on ne dissocie plus : santé, climat, biodiversité, inégalités sociales…
Cette territorialisation des enjeux, sanitaires, environnementaux, sociaux et économiques offre aujourd’hui une nouvelle grille d’analyse et d’action qui sont autant de domaines de progrès pour accélérer la mise en oeuvre de l’agenda international 2030.
La crise sanitaire ou la grande convergence des crises : quels effets collatéraux avec les ODD ?
La crise sanitaire a mis les territoires sous extrême tension jusqu’au chaos : saturation des infrastructures de soins et des services d’assistance aux personnes, interruptions de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, désorganisation et paralysie des transports et mobilités, accentuation des disparités sociales et isolement des populations fragiles, cessation des activités économiques et impacts sur l’emploi… Ces situations critiques sont autant de répercussions qui auraient pu être évitées, anticipées et maîtrisées par une meilleure appréhension des enjeux de développement durable.

Pour n’avoir pas été ignorés, ceux-ci n’ont été jusque-là que partiellement, et de façon très segmentée, pris en compte dans l’élaboration des politiques locales et les outils de planification. Au-delà, ces situations inédites ne font qu’amplifier la pertinence et l’importance de ce référentiel universel – l’un des seuls – que sont l’agenda 2030 des Nations-Unies et ses 17 objectifs de développement durable.
Car cette crise agit avant tout comme un révélateur des dysfonctionnements qui y ont conduit : la croissance effrénée des villes, leur grande dépendance au modèle de globalisation de la production, de la consommation et des échanges, l’oubli, voire le déni de l’interconnexion entre l’homme et la nature sont aujourd’hui considérés par la majorité des experts et scientifiques légitimes comme des facteurs directs d’émergence et de transmission du virus Covid-19.
De nouveaux liens sont dorénavant clairement établis entre santé, biodiversité, climat : à trop sous-estimer la santé du monde du vivant et des écosystèmes dans son ensemble, l’Homme met la sienne en péril » ; à repousser sans cesse la réduction drastique des émissions de CO2, la question de la pollution de l’air devient corrélé à celle la transmission du virus ; à segmenter les sujets nous nous exposons au cumul désastreux de la crise sanitaire, crise climatique et crise économique.
Villes et métropoles intelligentes : connecter les solutions et les acteurs pour organiser la résilience
À travers cette crise, les territoires ont aussi et surtout prouvé leur capacité d’initiative et d’ingéniosité en actionnant la puissance de la solidarité. Les élus, les entreprises, les acteurs associatifs et de l’entrepreneuriat social, les populations se sont mobilisés au plus fort de l’état d’urgence pour gérer les situations locales et mettre en place des initiatives.
Preuve a été faite qu’il est possible d’établir des stratégies alternatives comme celles qui se sont organisées pour assurer la continuité de l’approvisionnement alimentaire : solutions de distribution, soutien aux circuits courts, préservation de l’agriculture paysanne, accompagnement des personnes précaires, accueil des enfants des personnels du secteur de l’alimentation…
Cette expérience et connaissance empirique fournissent aujourd’hui un puissant levier de transformation pour penser et designer les stratégies territoriales en connectant les solutions et l’ensemble des acteurs. À commencer par les entreprises qui ont fait la preuve qu’elles pouvaient « transformer leurs outils de fabrication et créer de nouvelles filières » pour répondre à une demande urgente (textile médical, masques, gel hydro-alcoolique…).
Les ODD fournissent aujourd’hui un cadre de référence pour penser, avec l’ensemble des parties prenantes, ces mutations dans de multiples domaines : comment garantir l’accès aux soins pour tous en période de crise (ODD 3), le maintien de l’activité et de l’emploi (ODD8), la continuité des services d’eau (0DD 6) ; adapter les infrastructures aux gestes sanitaires et innover en matière de digitalisation et de gestion des datas (ODD9) ; apporter de façon pérenne des solutions concrètes pour la ville durable et inclusive des plus fragiles (ODD 11) ; réduire notre dépendance énergétique à travers les énergies renouvelables (7) et alimentaire à travers des modes de consommation et de production responsable (ODD12) ; prendre des mesures contre le changement climatique (ODD 13) ; dépressuriser la demande sur les ressources naturelles et protéger les écosytèmes (ODD 14 et 15) ; protéger les populations et garantir une réponse à leurs besoin vitaux (ODD 1 et 2) ?
Toutes ces questions ont en commun un lien bilatéral avec la COVID 19. Toutes posent la question du couplage économie-écologie-social. Et toutes demandent aujourd’hui des réponses ciblées, localisées, adaptées aux spécificités du territoire et articulées avec l’ensemble des acteurs privés et publics, et la société civile.

Territoires résilients : un enjeu d’efficience, de leadership et d’attractivité
L’enjeu est donc de dessiner un nouveau modèle de gouvernance territoriale connecté aux urgences de notre temps et aux attentes sociétales. Les villes et les régions sont dotées de compétences clés pour la plupart des domaines de l’action publique sur lesquels reposent les ODD, tels que l’eau, le logement, les transports, les infrastructures, l’aménagement du territoire ou le changement climatique.
On estime même que 65 % des 169 cibles qui sous-tendent l’ensemble des 17 ODD ne pourront être atteintes sans la participation des administrations locales et régionales.
À l’heure du plan de relance, certains territoires affirment déjà un certain leadership pour traduire les enjeux internationaux et nationaux de développement durable à l’échelle locale ou régionale, à l’instar du GIEC normand pour le climat qui définit une stratégie systémique pour dessiner une « vision à 50 ans de ce que sera la Normandie pour le bâti, la mobilité, l’énergie, et l’inclusion sociale ».
Bien que dédiée à la question de la prévention et de l’adaptation au changement climatique, cette initiative montre la voie d’une ambition renouvelée pour que les responsables locaux et régionaux, sur leur périmètre de compétences, définissent de nouveaux plans d’action des politiques publiques adaptant l’ensemble des ODD aux conditions locales. Car l’appropriation de l’agenda 2030 n’est bien-sûr pas une fin en soi.
Cette trajectoire est aussi et avant tout un cadre solide pour élaborer des stratégies, définir les plans d’actions et les outils de planification, flécher les investissements vers des actions à impact, organiser la recherche et le développement pour faire émerger et promouvoir les solutions innovantes. Il agit aussi comme une dynamique pour plus de cohérence et de transversalité des politiques publiques et pour construire les partenariats entre les acteurs et dialoguer avec les citoyen.ne.s ; c’est enfin un outil de reporting et de valorisation des initiatives locales qui participent de la transformation de leur ville ou de leur région. De ce point de vue les acteurs territoriaux, qui ont à y gagner l’attractivité de leur territoire, sont les précieux artisans d’une relance « économique, écologique et solidaire » qui devra porter la France au rang des nations alignées sur le constat d’urgence absolue à modifier nos modèles de société.
Vanessa Logerais
Présidente, directrice générale de l’agence Parangone Fondatrice de COP Runner et de Parangone Media.
Retrouvez l’intervention de Vanessa Logerais lundi 21 septembre dans le cadre de la Semaine du développement durable et du programme La France en Transition, une série de rendez-vous connectés, du lundi 21 au 25 septembre.
A retrouver en replay sur www.anniversaire-odd.fr #Agenda2030_FR #LaFranceEnTransition @Agenda2030FR
par vanessa LOGERAIS | Août 29, 2020 | PARTICIPER
Vanessa Logerais a reçu sur le plateau l’expert du vivant reconnu internationalement Gilles Boeuf, entouré de prestigieux invités, Lamya Essemlali (Sea Shepherd), Antoine Cadi (CDC Biodiversité »), Magali Payen (On est prêts), Gaël Giraud (CNRS), Maud Lelièvre (Les ÉcoMaires) pour des interview croisées qui sont autant d’appels à l’action pour massifier et accélérer les actions de protection et de restauration de nos écosystèmes.
Accéder au live : (lien)
Alors que nous nous préparions à vivre une année 2020 de grands rendez-vous internationaux pour la biodiversité, la vulnérabilité de notre société humaine et celle du vivant maltraité s’est brutalement invitée dans nos vies. La crise du COVID 19 a rattrapé tous les agendas en révélant avec violence qu’à sous-estimer la santé des écosystèmes, l’Homme met la sienne en péril.
PRODURABLE ne pouvait que prendre acte d’un événement qui bouleverse les cadres cognitifs qui dominaient jusque-là en matière de biodiversité. Car l’ampleur inédite de la crise sanitaire éclaire plus que jamais la complexité d’interactions entre l’Homme et la Nature.

Elle devient l’effet de preuve, si tant est qu’il nous en fallait un, de l’impact redoutable de l’activité de humain sur les écosystèmes.
Nous le savions, la biodiversité mondiale s’effondre : plus d’un tiers a disparu en 10 ans et 1 million d’espèces végétales et animales sont aujourd’hui en danger. La cause de cette 6ème extinction de masse est principalement attribuée à l’activité humaine. Ce que nous avions moins appréhendé, c’est le lien direct qui nous unit au vivant : grignotage des espaces naturels et des zones d’habitat sauvage, déforestation, captivité des espèces et cohabitation contrainte entre elles, modèles de production alimentaires intensifs, tout cela corrélé à d’autres atteintes environnementales ont des conséquences directes sur notre santé et nos organisations sociales. Une chose est sûre : « il n’y a pas d’homme en bonne santé dans une planète malade » (Isabelle Autissier)
Dans ce contexte, pour que la reprise économique se révèle soutenable, résiliente et régénératrice, la connaissance scientifique doit prendre toute sa place. À cette seule condition, nous pourrons opérer, en dialogue avec les entreprises et l’ensemble des acteurs, une véritable bascule pour retrouver le respect du vivant et intégrer la culture d’impact de nos modes de vie, de production et de consommation.
C’est ce dialogue que nous porterons sur scène en présence de l’écologue Gilles Boeuf.
Pour ce grand expert du vivant reconnu mondialement, « l’humain est un morceau de la biodiversité », et s’il est une guerre, un combat à mener c’est bien celle contre nos dogmes, nos modèles écocides et nos comportements.
Car la biodiversité est sans doute la meilleure assurance vie de l’Humanité.
Conçue et animée par Vanessa Logerais, Directrice Agence PARANGONE & Fondatrice COP RUNNER
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