Si l’ère numérique a apporté beaucoup de solutions en termes d’efficacité et de traçabilité des process et a soulagé nos forêts en abandonnant le papier, elle a fait naître un nouvel enjeu : l’empreinte du numérique.

Derrière ses apparences dématérialisées, le digital représente un poids grandissant dans l’impact environnemental des entreprises. Parangone fait le point sur le numérique responsable et sur les enjeux et démarches concrètes à adopter, sujets encore souvent sous-estimés en entreprise.

 

Le numérique pas si dématérialisé que ça

Ne l’oublions pas, derrière toutes les interfaces en ligne que nous utilisons au quotidien, ce sont bel et bien des tonnes de matériel physique qui assurent leur fonctionnement.

A commencer par le matériel individuel nécessaire pour faire usage des plateformes en  ligne. Ce sont des milliards d’appareils connectés, fabriqués à partir de matières premières nécessitant de l’électricité et de l’eau en abondance et qui sont ensuite transportés à travers le globe. Selon un rapport publié en 2022 par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), chaque Français est en possession d’une quinzaine d’objets connectés, soit quasiment le double de la moyenne mondiale qui est de huit objets par Terrien.

À ce parc d’appareils viennent s’ajouter les outils qui font fonctionner Internet et tous les autres réseaux plus localisés, reliés par des milliards de kilomètres de câbles. Et tout au bout de la chaine se trouvent les datacenters, ces hangars où sont entassés les serveurs qui stockent toutes les données du monde. Chaque e-mail ou SMS, chaque fichier de votre drive, chaque publication de vos réseaux sociaux ou même chaque recherche Google passe par eux et y laisse une trace. On se souvient encore de l’hiver 2021 durant lequel le Kazakhstan, deuxième pays mondial qui abrite le plus de mines à bitcoins, faisait face à des pannes d’électricité à l’échelle nationale, tellement les datacenters sur son territoire sont énergivores.

Selon l’Ademe, le numérique représente en France environ 2,5% des gaz à effet de serre et 10% de la consommation d’électricité.

 

Les grands principes du numérique responsable

Face à ces constats, l’approche du numérique responsable consiste en un meilleur usage des technologies digitales, en prenant en compte les facteurs environnementaux et sociaux, mais également économiques.

Facteurs environnementaux

Le prisme de durabilité : le numérique responsable encourage la réduction de l’empreinte des technologies digitales. Comment ? En prônant l’utilisation d’énergies renouvelables, la conception de produits électroniques durables et en cessant le recours à l’obsolescence programmée.

Les principes d’économie circulaire : il s’agit de réutiliser et réparer les appareils connectés pour prolonger leur durée de vie, réduire les quantités de déchets électroniques grâce au recyclage systématique des appareils non-fonctionnels et en conséquence baisser l’extraction de nouvelles matières premières.

La sobriété numérique : ce concept désigne une attitude responsable d’usage des technologies. En d’autres termes, il s’agit d’éviter la surconsommation, renoncer au renouvellement de parc numérique fréquent. La sobriété désigne aussi des pratiques plus réfléchies et optimisées comme par exemple, le partage et la location d’appareils, plutôt que la possession individuelle.

Facteurs sociaux

Le respect de l’utilisateur, c’est-à-dire l’éthique dans la conception, le développement et l’utilisation des technologies numériques. Cela comprend la protection de la vie privée des utilisateurs, la lutte contre la désinformation en ligne, la prévention de la cybercriminalité, et la promotion de l’équité et de la diversité dans l’industrie numérique.

Vers une société plus inclusive en termes d’accès au numérique : Le numérique responsable vise à garantir que les avantages des technologies numériques soient accessibles de manière plus équitable en réduisant la fracture numérique et en rendant les services en ligne et les compétences numériques à la portée de tous. La pandémie du covid avait mis en évidence les inégalités de notre société face à l’accès au numérique, en effet un lycéen sur quatre ne dispose pas d’ordinateur personnel.

Facteurs économiques

En plus d’agir pour en faveur de l’environnement et la cause sociale, une approche plus réfléchie vis-à-vis du numérique peut aussi avoir un bénéfice économique. Réduire les achats du neuf représente en effet de considérables réductions de coûts et soutient par ailleurs l’économie du reconditionnement, qui repose généralement sur un tissu local de partenaires et collaborateurs.

 

Meilleure gestion du numérique en entreprise : concrètement !

Comme pour tout enjeu de transformation, l’accompagnement est crucial pour agir concrètement : l’entreprise doit sensibiliser et former ses collaborateurs à l’impact du numérique pour ensuite adopter les bons gestes en masse. Plusieurs outils pédagogiques existent, tels que, les la Fresque du numérique ou le Cleanup day digital qui permettent de comprendre et de mettre en œuvre des actions mesurables. Voici 10 gestes pas anodins pour réduire l’impact de votre messagerie :

  1. Nettoyer sa boîte de réception : supprimez régulièrement les mails inutiles, les pièces jointes volumineuses et les spams pour réduire la taille de votre boîte mail.
  2. Utiliser des signatures d’e-mail légères : limiter d’y intégrer des images volumineuses qui alourdissent chaque mail envoyé. Et penser à retirer la signature, lorsque vous échangez avec quelqu’un qui connait déjà vos coordonnées. Opter pour deux versions : une version « full » réservée au premier échange et pour la suite privilégier une version simplifiée.
  3. Intégrer des filtres anti-spam performants, qui réduisent le nombre de mails indésirés, qui rempliraient inutilement votre boîte de réception.
  4. Pour économiser la bande passante, éviter d’attacher les pièces jointes quand c’est possible et privilégier le partage de fichiers au moyen d’un lien ou bien directement depuis vos espaces de stockage en ligne (SharePoint, iCloud, Google Drive, DropBox).
  5. Privilégiez d’envoyer des e-mails au format texte plutôt que les e-mails HTML lourds en images et autres médias, qui consomment plus de ressources pour le traitement et l’affichage.
  6. Utiliser un serveur de messagerie éco-responsable : Si vous gérez votre propre serveur de messagerie, optez pour un service qui utilise des sources d’énergie renouvelable et des pratiques éco-responsables.
  7. Ajouter des adresses et utilisateurs en copie des mails uniquement lorsque c’est réellement utile, pour éviter de démultiplier vos envois.
  8. Privilégier de travailler en wifi, qui est 20X moins énergivore que la 4G
  9. Se fournir en matériel reconditionné plutôt que d’avoir systématiquement recours à l’achat du neuf et espacer le renouvellement systématique du parc des téléphones et ordinateurs.
  10. Vider régulièrement le dossier d’éléments supprimés pour réduire le volume de données stockées sur les serveurs

 

 

Sources :

https://www.leprogres.fr/environnement/2022/01/19/chaque-francais-possede-en-moyenne-15-equipements-connectes

https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/en-plein-hiver-le-courant-ne-passe-plus-au-kazakhstan-a-cause-du-bitcoin-20211201

https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique.html

https://infos.ademe.fr/magazine-avril-2022/faits-et-chiffres/numerique-quel-impact-environnemental/

https://www.letudiant.fr/lycee/pendant-le-confinement-1-lyceen-sur-4-n-avait-pas-d-ordinateur-personnel.html

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